« Non je ne suis pas encore en congés maternité. »
Cette phrase, je pense que je la répète environ 3 à 5 fois par jour, suscitant des réactions de surprises systématiquement. La plupart du temps on me plaint. Souvent cela soulève des questionnements.
« Mais comment ça se fait ? »
Je suis indépendante, en statut profession libérale. J’ai donc un congés maternité de 44 jours consécutifs. Seulement. Dont 15 jours à prendre obligatoirement avant la date présumée d’accouchement.
Ce congés peut parfaitement être prolongé (pas des masses mais on peut), avec des semaines de congés pathologique en amont ou de quelques semaines après l’accouchement, en renvoyant les volets du petit carnet dédié, fourni pour les indépendants.
Je ne me plains pas de ma condition.
Déjà être indépendante est un choix revendiqué et assumé pour ma part. Je ne fais pas ce travail par défaut. Je n’ai pas été longtemps salariée et je ne l’ai pas supporté. J’aime énormément ma liberté. Ensuite, je trouve que nous sommes « plutôt bien » dédommagées pour ce congés. C’est pas la folie non-plus, entendons-nous bien. J’y perds clairement par rapport à ce que je gagne en temps normal puisque c’est une indemnité forfaitaire. Malgré tout, ça reste correct pour subvenir à nos besoins le temps que notre enfant arrive.
Pourquoi je ne prends pas plus de congés alors ?
Tout d’abord, parce que je vais bien. Il va de soi que si j’avais un quelconque problème de santé, mon travail ne serait pas une priorité. J’adore ce que je fais. J’adore mes clients et je tiens mes engagements. Je suis plus qu’épanouie dans mon travail qui est une évidence.
Mais ma carrière ne sera jamais plus importante que ma famille et la santé de mes enfants. J’adore mes missions au quotidien et j’ai aussi choisi ce statut pour être libre et au maximum disponible pour mon conjoint et mes enfants.
Je peux amener mes enfants à l’école tous les jours, aller les chercher presque tous les jours aussi ou à lléger mon emploi du temps pendant les vacances scolaires. Je continue de travailler quand même hein, il faut être honnête ce n’est pas facile de se faire une clientèle et il faut cravacher. Mais je change mes horaires pour être au maximum disponible, quitte à travailler plus tôt ou plus tard, ou avec eux à mes côtés. Non être indépendante n’est pas reposant.
Ensuite, parce que sinon je perdrais mes clients. Il ne faut pas rêver, même s’ils sont adorables, même si humainement c’est génial, le business reste leur priorité. Donc si je m’arrêtais 4 mois, il me semble évident et logique qu’ils iraient voir ailleurs… mais reviendraient-ils ?
Quand on fait des démarches, qu’on prend le temps de la mise en place et enfin qu’on a de nouvelles habitudes avec une autre entreprise de communication, fait-on marche arrière si facilement ?
Honnêtement, je n’en suis pas convaincue. Même si j’ai fait mes preuves et que les compétences de l’agence satisfont mes clients (ils restent alors je l’espère ^^), je ne prendrais pas ce risque.
C’est pour les mêmes raisons que l’allongement du congés maternité pour les indépendants me laisse perplexe.
Parce que soit on trouve quelqu’un de confiance pour prendre le relais (en étant sûre et certaine que cette personne ne récupérera pas notre clientèle un jour ou l’autre…) soit on s’arrête le moins possible. Aucun remplacement n’est prévu comme dans une entreprise pour le congés maternité des indépendants. On ne protège pas notre clientèle en étant sûre de la retrouver à notre retour, comme on préserve un poste dans une boîte. C’est impossible. À moins d’avoir un conjoint collaborateur, qui lui aussisera coincé à un moment donné quand il prendra son congés paternité !
Donc, pour moi, toute cette affaire de congés maternité est clairement un non-choix…
Et le sachiais-tu ?
Ici, comme je pense dans beaucoup de zones en France, on ne prend pas les bébés en crèche avant 2 mois 1/2. Donc aucune crèche ne veut accepter mon futur petit…
Donc mes enfants sont ma priorité mais si je veux continuer à m’occuper d’eux dans le même confort au quotidien le reste du temps, je fais le presque choix d’un congés maternité moins confortable.
Je sais que je ne reprendrai pas mes fonctions avec une immense ferveur début janvier. Je sais que je vais me dire « c’était trop court ». Je vais sûrement pleurer quand je quitterai la maison. Je vais allaiter mon 3ème enfant et je sais donc aussi que cela va imposer une organisation… pour le moins complexe. Mais peu importe.
En contre-partie je gère mon emploi du temps. Et ça me rassure.
Je sais donc que je pourrai être auprès de mon bébé au maximum puisque je travaille en grande partie à la maison et que c’est mon conjoint qui prendra un congés paternité, pour profiter de son bébé et nous éviter les tracas de mode de garde.
Voilà donc pourquoi je ne suis pas encore en arrêt.